Manifestation de protestation des entreprises
Plusieurs milliers de salariés et de responsables d’entreprises privées ont manifesté mardi matin 19 avril devant l’Assemblée territoriale de Polynésie française, place Tarahoi, pour marquer leur très vive inquiétude devant l’effondrement de l’économie favorisé par une instabilité politique et le manque de vision et l’incapacité des élus.
photo de www.tahiti-infos.com
Le mouvement avait été lancé par la CGPME et le MEDEF, auxquels s’étaient associés des syndicats de salariés. De nombreux chefs d’entreprises se sont retrouvés en compagnie de leurs équipes au grand complet, dans ce mouvement d’exaspération et de protestation pacifique, tourné contre l’ensemble du monde politique (autonomistes et indépendantistes) qui se succède au pouvoir depuis 2004 et s’affronte dans des joutes stériles pour se constituer des clientèles plutôt que pour oeuvrer dans l’intérêt général de la population.
De manière significative, les entreprises « protégées » (au moyen de barrières douanières particulières ou de subventions) ou monopolistes, ayant été très liées au pouvoir autonomiste de l’ancien président Flosse, ne s’étaient pas jointes à cette protestation, qui a réuni une grande partie des PME du secteur concurrentiel: importateurs et distributeurs, commerçants, hôteliers, entreprises du bâtiment et des travaux publics. Le centre-ville de Papeete avait l’allure d’une « ville morte », la plupart des commerces ayant maintenu fermés leurs rideaux. Quant aux dirigeants syndicalistes, considérés dans les commentaires comme largement discrédités et tirant l’essentiel de leur influence de leur implantation dans le secteur public (fonctionnaires) ou certaines activités-clés comme les dockers ou l’aéroport, ils ont été modérément appréciés, certains se faisant même siffler pour leur comportement clientéliste.
Très en pointe dans ce mouvement de protestation, la CGPME a dénoncé la gravité de la situation économique en Polynésie: « En sept ans nous avons eu 13 gouvernements, une dizaine de motions de défiance, 5300 emplois ont été perdus alors qu’il faudrait en créer 2500 chaque année pour accueillir les jeunes à la recherche d’un emploi », soulignait son vice-président Charles Beaumont, hôtelier-restaurateur. Des délégations ont été reçues à l’assemblée territoriale, par le gouvernement local, ainsi que par le Haut-commissaire Richard Didier, qui a rappelé l’implication positive de l’Etat dans le financement des infrastructures, pour autant que les responsables politiques identifient et préparent des projets.
Significativement, à quelques centaines de mètres de ce rassemblement de protestation, s’ouvrait au tribunal de Grande Instance de Papeete le procès « historique » des 87 emplois fictifs impliquant l’ancien président Gaston Flosse et des membres de son parti Tahoeraa Huiraatira. Des pratiques clientélistes largement mises en causes par les manifestants de la place Tarahoi comme emblématiques de processus qui « plombent » l’économie locale.
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